Mère nourricière

Publié le par Morsiglia8

Cette sculpture rend hommage à la mer, à celle qui occupe une place particulière dans ma vie désormais parisienne : elle est d’abord un souvenir d’enfance (j’ai grandi sur les plages de galets près d’Etretat), elle est donc devenue une sorte de « madeleine » (à son contact mon état physique se modifie par une respiration plus lente et plus profonde, un état de calme, de sérénité), aujourd’hui, elle est intégrée à mon travail d’assemblage (par la matière première qu’elle m’offre).
En général, c’est sur la partie extrême nord de la plage du Havre (ma ville d’origine) nommée « le bout du monde » que je récupère l’essentiel de mes matériaux. En effet, des courants particuliers font de cet endroit une vraie décharge au lendemain des tempêtes, pour mon plus grand bonheur. C’est par amour des balades au bord de l’eau que j’ai commencé à ramasser, un jour, comme ça, sans but précis. Dans un premier temps, je ne récupérais que des galets, des bouts de verre polis et du bois flotté. Ensuite j’ai démarré une collection de ferrailles rouillées. Enfin, je me suis autorisée à ramasser toutes sortes de matières comme du cuir (semelle de chaussure), du plastique ou caoutchouc (gant, tuyau, seau, …), des textiles (tissu, cordage, filet de pêche …) et aussi, bien évidemment, des végétaux marins et débris de crustacés. Je choisis mes pièces selon mon goût, en fonction de leur forme et de leur couleur, mais surtout je m’attache à ne ramasser que de vraies épaves. Plus la pièce a été chahutée dans les tempêtes, cognée contre les galets, agressée par le sel, fouettée par les vents, séchée au soleil, plus elle m’intéresse. J’aime les ferrailles biscornues et très rouillées d’un orange vif, les plastiques bien lisses aux couleurs passées. J’aime ou je n’aime pas. Je ramasse ou je ne ramasse pas. En fait, j’imagine très rapidement et facilement comment utiliser le « déchet » en question. Avec tous ces trésors sauvés des flots, comment ne pas jouer à improviser. Ficelle, plâtre, fil de fer, colle …  voilà les débris assemblés pour donner vie à une autre histoire.
C’est sur cette île magnifique qu’est la Corse, à Morsiglia, village surplombant la méditerranée, que l’idée de rendre hommage à ce désert bleu s’est imposée. C’est aussi une manière de souligner la particularité de la vie insulaire. Chaque Corse est obligatoirement marqué par la mer. Pour « Mer nourricière », je suis allée récupérer sur les petites plages du port de Centuri (essentiellement du bois flotté et des cordages), et dans une décharge sauvage (bouts de métal rouillé, fragments d’un rideau de perles en bois bleu, pneu de bicyclette …). J’ai choisi un beau platane en plein cœur de Morsiglia pour travailler mon assemblage suspendu, en bordure de route, en face du seul commerce. J'ai voulu profiter de l’existence du Libecciu, vent Corse par excellence, pour lui donner un mouvement naturel et quelques sons.


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Merci à Charles Chauderlot, artiste peintre rencontré sur place, pour m’avoir emmené sur cette décharge et cette petite plage
, à Joanie, à Sofia et Gary pour la bouée et à Arthur pour les prises de vue.





Publié dans Sophie NOËL

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